LE BILAN CHEZ LA FEMME

 
 

I – INTERROGATOIRE

Il doit occuper la plus grande partie, sinon la totalité de la première consultation et mérite qu’on y consacre un long moment, tant il est riche d’informations.


L’âge de la femme et la durée d’infécondité sont deux paramètres essentiels à prendre en compte.

La profession renseigne sur le mode de vie, la disponibilité et l’exposition éventuelle à des produits toxiques.

Le type de contraception utilisée jusqu’au désir d’enfant est utile à connaître à double titre, par ses conséquences éventuelles (stérilet et risque d’infection par exemple) ou parce qu’il s’agit si peu d’une contraception (méthode du calcul, retrait) que la durée réelle d’infécondité est probablement supérieure à la durée annoncée.

Le poids et la taille sont importants de même que l’activité physique car ils peuvent avoir un impact sur l’ovulation.

Les antécédents obstétricaux, y compris avec un autre conjoint sont toujours à préciser : fausse couche, grossesse extra-utérine, accouchement (mode et déroulement de la grossesse), IVG (médicamenteuse ou chirurgicale)

Dans les antécédents médicaux, on recherchera des maladies susceptibles d’entraîner des troubles de l’ovulation ou de représenter une contre-indication aux traitements de l’infertilité ou de s’aggraver pendant la grossesse.

Les antécédents chirurgicaux sont également à noter, surtout s’ils touchent l’abdomen (appendicite, péritonite) ; pour les interventions plus spécifiquement gynécologiques, il sera intéressant de récupérer les comptes rendus opératoires.

On précisera en détail le caractère des cycles (régularité, longueur), la nature des règles (durée, abondance et surtout douleurs) et les signes qui les accompagnent (douleurs des seins, saignements avant ou après les règles) ; on essaiera de dépister les signes évoquant une ovulation (douleurs pelviennes, pertes “blanc d’œuf” en milieu de cycle) et on abordera la fréquence des rapports sexuels et leur période dans le cycle

Enfin, on recherchera des antécédents d’épisodes infectieux et de périodes d’aménorrhée (absence de règles).
 

 

II – EXAMEN CLINIQUE

Il apporte peu de renseignements sur la cause de l’infertilité, mais il peut être l’occasion de refaire un frottis et d’examiner les seins.

Il permet parfois de retrouver des signes d’hyperandrogénie (acné, hyperpilosité), un nodule vaginal d’endométriose ou une douleur anormale au toucher vaginal par exemple.

 

 

III – LA COURBE DE TEMPÉRATURE

Elle consiste à déterminer une courbe de variation de température corporelle tout au long du cycle ovarien (du 1er jour du cycle au 1er jour du cycle suivant).

Pour ce faire il suffit de prendre sa température tous les matins, au réveil et de la noter consciencieusement, sur le graphique qui vous aura été fourni.

Ces variations thermiques observées au cours du cycle, résultent des modifications du taux de progestérone tout au long de celui-ci :

  • en phase folliculaire (première partie du cycle), la progestérone est basse, et la température également
  • en phase ovulatoire : juste après l’ovulation, la progestérone augmente brusquement, et la courbe entame son ascension
  • en phase lutéale, la progestérone et la température sont élevées. En fin de phase, juste avant les règles, la progestérone baisse et la température commence à diminuer pour atteindre des valeurs de début de cycle.



 

Cette courbe doit être réalisée sur au moins 2 cycles consécutifs (généralement 2 à 3 cycles) pour pouvoir être interprétable.

Cet examen non invasif, simple, mais sommes toutes assez contraignant, il faut l’avouer ... permet de fournir pas mal d’informations intéressantes sur le cycle ovarien :

  • la durée et la régularité du cycle
  • la présence ou non d’ovulation. Celle-ci ne peut être détectée qu’à posteriori, car l’ovulation se produit au point de température le plus bas (nadir), généralement la veille de la montée thermique.
  • la durée respective des phases folliculaire et lutéale

De plus, cette courbe permet :

  • de fixer des dates d’examens devant être réalisés à des moments précis du cycle
  • de diagnostiquer une grossesse lorsque la température reste élevée au-delà du 15ème jour qui suit l’ovulation (en dehors de toute maladie).


Quelques conseils pour établir sa courbe de température :

  • préparez le soir sur votre table de nuit : thermomètre, papier et crayon. Il est important de prendre sa température avant de poser le moindre orteil au sol, dès le réveil : on évite de s’étirer dans le lit, on ne cherche pas à faire un bisou à chéri qui dort à côté
  • s’il faut un minimum d’heures de sommeil, l’heure de réveil n’est pas importante. Pas besoin de mettre le réveil à 6 h !
  • il faut avoir un cycle de sommeil “régulier” : prendre sa température quand on travaille en horaires irréguliers (de jour et de nuit) est inutile
  • choisissez le mode de prise une fois pour toutes ; peu importe que le thermomètre soit utilisé dans la bouche, sous le bras, ou ailleurs ! Mais tenez-vous à votre choix pour toute la courbe.
  • Dès que votre prise est réalisée, notez la valeur ! Ne faites pas confiance à votre mémoire car les chiffres après la virgule sont importants !
  • Pour reporter les valeurs, utilisez les graphiques que je vous aurais donnés ou servez vous d’un site internet
  • Notez sur votre graphique les évènements marquants de votre cycle : règles, saignements, douleurs mammaires, prises de médicaments, tests d’ovulation (et leur résultat) ... ainsi que les rapports.
  • Ne vous focalisez pas sur la barre des 37°C. Une courge “normale” a deux plateaux : cela ne signifie pas que votre température doit nécessairement passer au-dessus des 37°C.
  • N’oubliez pas qu’une courbe ne s’interprète qu’une fois le cycle terminé. Évitez de vous prendre la tête à cause d’un 36.8 alors que la veille, vous aviez 36.9 ...
  • Ne vous torturez pas plus que nécessaire : faites ces courbes uniquement le temps demandé (en général 2 ou 3 cycles)
 

 

IV – LE BILAN HORMONAL

Un bilan hormonal complet permet d’évaluer la qualité de chaque phase du cycle ovarien et d’apprécier la réserve ovarienne, c’est-à-dire l’âge “ovarien” de la femme.

La plupart de ces dosages hormonaux se font entre le 2ème et le 4ème jour du cycle, en dehors de tout traitement.

A noter que tous les laboratoires n’ont pas les mêmes valeurs seuils du fait des différentes techniques de dosage pouvant être utilisées ; il est donc important de respecter le laboratoire qui vous est demandé.
 

A) L'hormone folliculo-stimulante (FSH)


Augmentation de la FSH : 

Sa valeur doit être inférieure à 10 et idéalement à 8 UI/l ; toute augmentation anormale en première partie de cycle traduit généralement une insuffisance ovarienne débutante A noter que si le taux d’œstrogène est élevé, il fait baisser artificiellement le taux de FSH (par rétrocontrôle négatif).


Diminution de la FSH :

Elle traduit en général une atteinte de l’hypophyse

 

B) L'œstradiol

lorsqu’il est dosé en cours de cycle (naturel ou stimulé), l’œstradiol témoigne de la qualité de la sécrétion des ovaires ; en début de cycle sa valeur doit être basse, et un taux supérieur à 80 pg/ml au 3ème jour du cycle est généralement le témoin d’une diminution de la réserve ovarienne (en dehors de tout traitement stimulant).

Cette situation se rencontre lorsque les cycles sont courts avec un raccourcissement de la phase folliculaire. En effet, en cas d’appauvrissement en follicules, la sélection et la croissance du follicule dominant commence lors de la fin de la phase lutéale du cycle précédent ; au 3ème jour du cycle, le follicule dominant est alors généralement supérieur à 10 mm en échographie et donc responsable de cette sécrétion élevée d’œstradiol.

 

C) L'hormone Lutéinisante (LH)


Augmentation de la LH :

Une augmentation en début de cycle fait penser à la présence d’un syndrome des ovaires micro-polykystiques, surtout si sa valeur est supérieure à celle de la FSH. En cours de cycle, sa montée brutale (pic de LH) précède d’environ 36 heures l’ovulation.


Diminution de la LH :

Elle traduit en général une atteinte de l’hypophyse

 

D) L'AMH ou hormone anti-müllerienne

Cette hormone est sécrétée par les cellules des petits follicules en croissance et représente actuellement le meilleurs facteur prédictif de la réponse ovarienne. Par ailleurs elle peut être dosée à n’importe quel moment du cycle et a rendu obsolète le dosage de l’inhibine B. C’est le marqueur qui est le mieux corrélé au compte des follicules antraux (voir le chapitre sur l’échographie pelvienne).

Une diminution de sa valeur reflète une altération précoce de la réserve ovarienne ; à l’inverse le risque d’hyperstimulation est plus élevé chez les femmes présentant une AMH élevée dans un syndrome des ovaires micro-polykystiques.


Comprendre l’évaluation de la réserve ovarienne

La FSH, l’œstradiol et l’AMH sont les marqueurs de la fonction ovarienne. La probabilité de concevoir est directement liée au capital en follicules de l’ovaire que l’on appelle “réserve ovarienne”. Une diminution de ce capital folliculaire et ovocytaire s’accompagne d’un taux de grossesse diminué et de fausses couches augmenté. La baisse de la réserve ovarienne est la principale responsable de la diminution de la fertilité avec l’âge.

En présence d’un trouble de l’ovulation, ou dès lors que l’on désire stimuler l’ovulation par des médicaments, il est important d’évaluer la réserve ovarienne par le dosage de marqueurs témoins de son fonctionnement, de façon à diagnostiquer une éventuelle raréfaction précoce en follicules et à prévoir les chances d’une bonne réponse ovulatoire, sous inducteurs.

L’élévation de la FSH est le facteur le plus péjoratif. 14 UI/l serait le seuil au delà duquel la grossesse devient difficile. Sur plusieurs cycles, une seule valeur de FSH élevée serait de mauvais pronostic. Le taux d’AMH diminuerait bien avant que la FSH n’augmente, ce qui pour certains auteurs en ferait un marqueur précoce de l’épuisement ovarien.

Cependant, même si la triple analyse de la FSH, de l’œstradiol et de l’AMH permet de se faire une idée claire de l'aspect quantitatif de la réponse ovarienne à laquelle on peut s’attendre (nombre de follicules sélectionnés, nombre d’ovocytes recueillis), l’âge reste le meilleur facteur prédictif de la grossesse. C’est en effet l’âge qui est le mieux corrélé à la qualité embryonnaire et une FSH élevée est plus péjorative chez une femme de plus de 38 ans que chez une femme jeune.

L’appréciation de la réserve ovarienne permettra de distinguer les cas favorables, les cas préoccupants conduisant à adapter la posologie en cas de stimulation et à ne pas trop attendre avant d’envisager la FIV diagnostique et les cas défavorables conduisant à proposer d’emblée une FIV diagnostique et à adapter les propositions thérapeutiques en cas d’échec (renouvellement de la FIV, don d’ovocytes, adoption).

 

E) La Progestérone

En début de cycle et avant l’ovulation, sa valeur doit être basse ; en 2ème partie de cycle, elle témoigne de la fonction du corps jaune. Toute diminution de sa valeur en 2ème partie de cycle traduit une absence d’ovulation ou une insuffisance lutéale.

 

F) la Prolactine

Sa valeur doit être inférieure à 20 µg/l chez la femme, et on parle généralement d’hyperprolactinémie, lorsque le taux est > 30 µg/l. Une hyperprolactinémie importante peut être responsable d’une absence de règles et d’un écoulement de lait, mais une forme plus mineure peut simplement occasionner des troubles de l’ovulation. La sécrétion de prolactine est influencée par le stress et l’effort physique ; il vaut donc mieux faire le dosage le matin.

 

G) La TSH

Cette hormone est sécrétée par l’hypophyse et son rôle est de stimuler la thyroïde. L’hypothyroïdie peut être responsable d’une fatigue accrue et d’une prise de poids, mais sa forme mineure peut n’occasionner que des troubles de l’ovulation. En cas d’hypothyroïdie, la TSH sera augmentée et un traitement par hormones thyroïdiennes (Levothyrox) vous sera alors proposé. A noter que dans l’optique d’un désir de grossesse, la valeur maximum conseillée de la TSH est 2,5 mUI/l.

 

   
 
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